19/12/2013
Arnaldur Indridason : La Femme en vert
Arnaldur Indridason, né en 1961 à Reykjavík et fils de l'écrivain Indrid G. Þorsteinsson, est un écrivain islandais. Après un diplôme en histoire à l’université d'Islande, il exerce les métiers de journaliste, scénariste puis critique de films. Entré en littérature en 1997, il est aujourd'hui l'auteur d’une quinzaine de romans policiers, dont près de la moitié traduits en français ont donné plusieurs best-sellers. Le roman, La Femme en vert, est paru en 2006.
Un enfant qui découvre un os humain dans une banlieue de Reykjavik et l’équipe du commissaire Erlendur va devoir mener une enquête dont les faits remontent aux années de guerre, en 1940. Sur le terrain d’où provient l’os, un cadavre. Jadis ici se trouvait une maison dont la fiancée du propriétaire a mystérieusement disparu, puis qui fût louée à divers occupants dont une famille avec trois enfants. Dans le jardin, des groseilliers et aux alentours des baraquements habités par des soldats américains.
Deuxième épisode des enquêtes du commissaire Erlendur dans la chronologie bibliographique de l’auteur. Les acteurs récurrents tissent un fond lourd de souffrances psychologiques. Le commissaire divorcé depuis une éternité ne connait pour ainsi dire pas ses enfants, Sindri Snaer le fils auquel il ne parle quasiment jamais ou Eva Lind sa fille, droguée, victime de violences et d’une fausse-couche qui tout du long de ce roman restera dans le coma, allongée sur un lit d’hôpital. Le collaborateur d’Erlandur, Sigurdir Oli, vit de son côté une crise de couple avec sa compagne… La vie est dure sous le ciel islandais.
La Femme en vert est un roman extrêmement éprouvant, car au-delà de l’enquête proprement dite et qui n’est qu’un prétexte, Arnaldur Indridason s’attaque au problème des violences conjugales et des rapports de couple. Ce qui nous vaut des pages d’une insoutenable brutalité, tant physique que psychologique, sous les yeux horrifiés d’enfants qui en garderont le traumatisme gravé en eux, toute leur vie. Douleur encore quand Erlandur impuissant devant le corps de sa fille plongée dans le coma, lui racontera sa vie, tentant d’expliquer et comprendre comment son couple a explosé, en venant petit à petit à révéler son propre démon intérieur, le décès de son petit frère.
L’écrivain alterne les époques avec habileté, le présent de l’enquête et les flashbacks explicites durant les années du drame, souvent dans le même chapitre, juste assez pour déstabiliser un court instant la lecture mais sans pour autant en perturber la compréhension.
Un superbe roman qui rehausse le niveau du simple polar, servi par une écriture à l’unisson de ce drame émouvant quand on songe au calvaire enduré par ces personnages ordinaires. Un bouquin à lire absolument.
« Il creusa plus profond et avait les mains toutes sales quand il tomba sur une seconde pierre du même genre, puis sur une troisième, une quatrième et enfin une cinquième. Erlandur s’agenouilla et envoya la terre voler dans toutes les directions. L’objet apparaissait de plus en plus distinctement dans le sol et, bientôt, Erlandur regardait ce qui, à sa grande surprise, n’était autre qu’une main. Cinq phalanges et métacarpes dépassaient du sol. Il se releva lentement. »
Arnaldur Indridason La Femme en vert Editions Métailié
Traduit de l’islandais par Eric Boury
08:09 Publié dans POLARS | Tags : arnaldur indridason | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |